Les bienfaits d’un travail en visio

Le travail en visio : pertinent et utile ou néfaste et limitant ?

Revenons rapidement sur les bienfaits d’un travail en visio : gains de temps, opportunités de séances à deux ou à plusieurs tout en évitant à chacun des déplacements fastidieux. Et en plus à des horaires inhabituels. Travailler à partir de chez soi élargit les limites du possible en termes de planning. Par ailleurs chacun travaillant de chez soi, évolue dans son contexte familier et sécurisant.

On en connaît aussi les limites comme les coûts écologiques qu’il peut induire, l’accroissement de la charge de travail par une succession de rendez-vous sans ponctuations imprévues ou encore « l’opportunité géniale », me disait un client, de pouvoir participer (vraiment ?) à trois réunions à la fois ! Enfin travailler à part de chez soi conforte, à condition que ce contexte aide au changement et non pas à sa résistance !

Alors quelles autres observations effectuer au sujet du travail en visio ? J’en propose deux :

  1. L’image a circulé sur les réseaux : lui, (ca pourrait être « elle »), travaille en visio. Elégamment habillé, cravaté, veste enfilée, il fait propre sur lui. Jeune cadre, dans le dress-code convenu. Soudain il se lève. L’écran laisse apparaître un homme en caleçon, pieds nus, à l’aise chez lui.

Travailler en visio serait-il un masque, une sorte de théâtre où le coaché, comme le coach, pourraient faire bonne figure (c’est l’essentiel de ce qui apparaît) avec fond d’écran adapté, mais où son corps entier et sa personne n’apparaissent que partiellement. ?

Car la limite essentielle du coaching individuel en visio est là : le contact corporel est tronqué ; l’environnement, qui souvent fait écho à la personnalité du coaché est limité ; l’émotion lorsqu’elle apparaît est difficilement partageable. L’empathie existe, mais chacun reste chez soi. Le coaching en visio est une expérience de rencontre et d’accompagnement, mais où les deux interlocuteurs conservent une distance corporelle qui a des effets ambivalents : à la fois elle sécurise et en même temps elle maintient a distance. Or le corps, si possible perçu en entier, y compris avec son environnement immédiat et les mouvements liés à la séance sont autant de supports à des messages qui vont nourrir le coaching. Nous ne devons pas oublier les apports de Merleau-Ponty à ce sujet qui nous rappelle que le travail de contact s’effectue dans l’inter corporalité, dans une rencontre de corps à corps qui invite la parole, le mouvement, l’émotionnel, le sensible. En visio, cette inter-présence corporelle apparaît, mais elle est limitée et contrainte dans l’espace d’un écran.

  1. Travailler en visio peut avoir toute sa pertinence, comme ses limites à condition de répondre à ces deux questions :
  • Qu’est-ce qui pour moi en tant que professionnel est fondateur et nourricier du lien de coaching ? De quoi ai-je besoin, en termes d’informations, de perceptions, de qualité de contact, pour travailler en relation avec ce client ?
  • Quelle est mon intention en tant que coach ? Ai-je besoin de transmettre une information, soutenir une orientation, tester une expérimentation, soutenir une relation ?

Il appartient à chaque coach de s’interroger sur ces deux questions avant de s’engager sur un travail individuel en visio. C’est à partir des réponses que je donnerai, et en fonction de la situation de mon client, que le travail en visio pourra s’avérer être pertinent, utile, ou au contraire limitant, voire néfaste.

Jean-Paul SAUZEDE, Coach, superviseur, auteur

Guy BOHBOT, DMC, Président

JP SAUZEDE et G BOHBOT
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